Entre Luc et Alès, le Chemin français prend le nom de Chemin de Régordane. Il traverse,
en effet, la provincia de Regordana, évoquée, en 1323, dans un acte du château de Portes,
qui s'étend entre Alès, en Cévennes, Chamborigaud, Pradelles et Largentière. Régordane,
dérivé de gord, gourd, racine d'un usage fréquent dans le pays, désigne à merveille, les
vallées profondes que traverse ce chemin.
Le tracé naturel du Chemin de Régordane correspond à la faille ouverte, à basse altitude,
dans la longue barrière formée par le Mont Lozère et le chaînon du Mas de l'Aire, au sud de
Villefort. Les nombreuses sources qui la ponctuent sont précieuses pour les voyageurs.
Les romains empruntaient sans doute cette voie naturelle pour le transport des métaux.
Mais, c'est, après le partage de l'empire carolingien, qu'elle devint l'axe oriental majeur,
reliant l'Ile de France au port de Saint Gilles. La route est tracée sur les hauts-plateaux
du Thort, de la Molette et de La Garde-Guérin, taillée dans le schiste sur les pentes de la
vallée la Cèze.